
Je cherche mon petit clown… Où es t-il? Étendu sur le sofa, depuis ce matin. Ses yeux sont vides, gris, sans étincelles. Je m’assois près de lui, rien ne lui tente. Aucun jeu, aucune blague, aucune histoire. Depuis 3 jours, tout ce qu’il avale est rejeté. Il abandonne la course. Pas assez d’énergie pour combattre. Il dort, dort. Je suis anéantie de le voir souffrir et c’est assez, direction hôpital. Comme Coralie a attrapé cette foutu gastro elle aussi, je reste à la maison. Big est tellement « vendeur » que je suis persuadé qu’il passera en priorité à l’urgence. Il fera le poids pour avoir ce qu’il y a de mieux pour Justin immédiatement (ce qui fut le cas !)……
Mon amour a été extraordinaire avec Justin, courageux et attentionné. N’empêche que cela m’a brisé le cœur de ne pas être près de lui. Quand je lui ai parlé au téléphone, il pleurait, s’ennuyait et voulait rentrer tout de suite à la maison. Difficile pour un cœur de maman ! Coralie lui a parlé aussi, ils discutaient ensemble, une vraie conversation d’empathie. Ca m’a beaucoup touché. Les yeux de Coralie baignaient dans l’eau. Elle se demandait si Justin allait mourir.
Après 18 heures de réhydratation, Justin allait beaucoup mieux. Évidemment, l’expérience de l’hôpital l’a marqué. Je l’ai vu dans son visage, dans ses yeux. Les piqures, prises de sang (souvent ratées) sur un petit corps tout affaibli lui ont donné mauvaise mine et de mauvais souvenir. Quand je l’ai pris dans mes bras à son retour, j’étais bouleversée. J’ai senti qu’il avait vécu cet épisode loin de moi, qu’il était différent.
J’ai beaucoup pleuré ce week-end. Bien que je me disais que tout le monde serait heureux de se retrouver enfin en santé et ensemble, je fus déçue de la tournure des événements. La fatigue, les chicanes entre frère et sœur, l’alimentation à surveiller, les trucs à désinfecter mêlés à tout un lot d’émotions n’ont pas ramené le bonheur dans la maison. Justin était impatient, irritable. Et, je crois que je le prenais personnel. Comme s’il m’en voulait. Ce matin, il s’est bagarré avec sa sœur pour aucune raison valable. J’ai pleuré et je me suis assis près de lui. Calmement, nous avons rediscuté de ce qu’il lui était arrivé, pourquoi l’hôpital avait été essentiel pour sa guérison. Comment nous l’aimions plus que tout au monde. Je lui ai parlé de ma peine. Et il m’a serré dans ses bras. On s’est compris et le courant était revenu entre nous deux.
Bien des images reviennent me hanter. Je le revois sur le divan, lugubre et gris, très souvent dans ma tête. Comme s’il avait quitté sa maison l’espace de quelques heures.
Je pense à tous ces parents qui doivent accompagner leurs enfants à l’hôpital. Ceux qui reçoivent des affreuses nouvelles. Ceux qui affrontent la maladie avec eux. Ceux qui n’ont pas la possibilité de recevoir des soins aussi rapidement que nous. Ceux qui n’ont pas de ressources médicales pour soigner leurs petits. Cela m’oblige à voir cette expérience d’un autre œil.
Un merci tout spécial à grand-maman Thérèse qui m’a écoutée et exauçée pendant les heures interminables de ma mauvaise nuit. Je sais que vous étiez là, pour nous, pour Justin.
La photo, c’est le bracelet d’hôpital de Justin. Et les collants, c’est suite à ses prises de sang.
Alors voilà. J’avais besoin d’extérioriser tout cela avant de pouvoir passer à d’autres sujets plus légers ;-)
A bientôt,
Nathalie